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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/443

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

le blâme innombrable. Ils s’étaient enfin tus. Un instant fut sinistre.

Alors Bythométrès commanda que les Candidats défilassent entre la foule et l’impératrice. Les armes et les pas ferrés retentirent. Les lances brillèrent. Les buffleteries blanches, piquées de rouge, changèrent l’apparence des choses. Irène put, sans trop d’avilissement, se dérober, à l’abri des haies militaires.

Son entrée dans le Triclinion de Justinien fut accueillie respectueusement. On lui rendit au complet les honneurs du protocole. Elle siégea sur le trône parmi les vénérations du sénat romain. Cela lui valut une confiance meilleure. S’étant recueillie quelque peu, elle changea le discours préparé. Staurakios lui parut le fauteur de la malignité publique. Elle parla pour l’accabler de son mépris comme un serviteur infidèle, ingrat, stupide. Elle rappela qu’elle avait dû payer une rançon pour le tirer des mains barbares, après une défaite honteuse. En récompense, il vouait la Ville à l’anarchie des factions pour chausser la pourpre, à la faveur des troubles. Byzance accepterait-elle jamais un eunuque pour empereur ?

Le Sénat tout entier se récria. Debout dans ses stalles il applaudit longuement. Elle reprit son discours en comparant les résultats prospères de son administration personnelle aux conséquences lamentables de l’initiative que Staurakios s’arrogeait. Victorieux des légions d’Orient mal pourvues, mal organisées, se moquant de diplomates ineptes, l’ennemi