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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/450

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Personne ne comprenait la logique de Bythométrès, personne entre les guerriers, entre les prêtres. Quant aux évêques de Rome, leur ignorance les remplissait de présomption. Il ne les inquiétait pas de savoir si le Iesous fut conçu de toute éternité par le Paraclet dans la forme à venir de la Panagia, ou s’il a procédé de la nature humaine avant d’être choisi par le Theos. Ils adoraient le Christ à cause de ses miracles, et surtout celui de la résurrection ; et ils avouaient une grande peur du Diable. Hors de là, rien ne leur semblait clair. Les préoccupations de Jean excitèrent leurs sourires. Ils le surnommaient « le Nuage » parce que sa parole leur semblait fort obscure. D’ailleurs ils ne lui passaient point d’être eunuque. Cela les intéressait exclusivement. Cela les maintenait en singulière joie. D’autres le plaignaient comme si la plus extraordinaire calamité lui fut échue. D’autres le méprisaient ainsi qu’un être abject. Dès qu’il eut acquis l’assurance du couronnement prochain, dès qu’il eut constaté les préparatifs du départ pour Rome, il se hâta de prendre congé.

Toutefois, il ne quitta point la ferme royale, sans avoir eu avec Eginhard un entretien presque décisif. Il ressortit que Karl avait, depuis la venue de Bythométrès fréquemment exposé les avantages de l’union. Le rêve de souder en sa main les parties du monde régies par Constantin le Grand séduisait infiniment l’orgueil de Karl. Obtenir ce résultat sans guerre lui semblait heureux. S’il n’avait pas accordé d’autre