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IRÈNE ET LES EUNUQUES

audience à l’eunuque d’Irène, s’il prolongeait au loin ses excursions de chasse, c’était par crainte d’éveiller, en ce moment, les susceptibilités de Rome hostile aux orthodoxes, et surtout à un ami du patriarche Tarasios.

Les deux ministres convinrent qu’après la cérémonie du couronnement, un ambassadeur grec pourrait être admis à régler les préliminaires d’une entente. Plus tard des légats francs se rendraient à Byzance.

Jean Bythométrès avait, sans le savoir, persuadé les gens de l’École Palatine, Eginhard particulièrement qui lui reprochait naguère d’employer quarante mots pour un, d’embrouiller l’histoire par l’abondance de considérations inutiles, par des récits superflus touchant les Sarrasins, les Bulgares, les Petchenègues.

Sur le chemin du retour, Jean se demandait comment Irène accueillerait ce barbare grisonnant qui se jetait à genoux, devant ses nobles, pour traire lui-même les ânesses. À l’idée répugnante des embrassements qui joindraient la fine Athénienne au colosse germanique, il se railla d’avoir repoussé l’amour de cette créature d’élection, jadis, afin de la livrer lui-même au fils d’une Khazare, puis au descendant des Teutons. À ce prix cependant, Byzance et le Paraclet, avant peu, assujettiraient l’univers. Les Éons domineraient la bêtise du Mal incluse dans les forces des Barbares.

Et il s’exaltait au spectacle de son idée victorieuse pour omettre l’obsédant regret de n’avoir pas, un jour de soleil tendre, pressé, contre son cœur l’adolescence passionnée d’Irène, sous les yeux du Typhon de métal