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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/454

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

comme s’il les tenait, au moins par devant lui, pour les égaux du curopalate.

Dans le laboratoire, sous les crocodiles pendus au plafond parmi des touffes d’herbes africaines et des pentacles de bois sculpté, Jean apprit de Pharès que le beau ministre avait, depuis la mort de Staurakios, manœuvré sans une faute. Évidemment cet ange blanc visait à mettre sur le trône de la Magnaure, son frère Léon, domestique des Scholes d’Orient qui ralliait à soi les iconoclastes du parti militaire. Il importait de soutenir contre cette double et redoutable ambition le nouveau logothète du Genikon, Nicéphore, dont la prudence malicieuse sauverait seule Irène et l’empire. En parlant, le vieillard tisonnait les feux de ses cinq athanors avec une tige de fer, sans paraître incommodé par les vapeurs sulfureuses répandues dans la salle. Elles planaient sur les matras, les manuscrits déployés, les grenouilles en cage, les collections de minéraux et de métaux qui parsemaient les tables en cèdre bariolées de nombres et de chiffres, de formules mystérieuses, de symboles bizarres, de courbes géométriques, de lettres hébraïques et de mots arabes, d’hiéroglyphes extraordinaires. Tout cela parut l’intéresser mieux que les nouvelles rapportées par Jean, mieux que le danger des compétitions intestines.

Irène fut au contraire nerveuse, véhémente, agitée. Ses cheveux que la teinture avait rougis, chargeaient abondamment son profil roide à l’épiderme halé. Maigre, elle semblait avoir grandi. Plutôt était-ce un éphèbe