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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/456

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

actes du pape, du Franc. Bien qu’aux seuls héritiers légitimes des Césars, il appartînt de dispenser le titre d’empereur d’Occident, les armes ni les ressources de l’état grec ne permettaient de soulever efficacement une telle revendication. Karl et Léon III savaient tout de cette faiblesse, à tel point que les prélats de Rome pressaient déjà leur ami de conquérir la Sicile. Irène l’avait appris. Autrefois, du reste, le pape Adrien s’adressait à elle et à son fils comme aux justes souverains de Rome ; il les considérait tels dans les actes publics pendant toute la durée de son pontificat. Lui-même avait décerné le qualificatif de « Très Pieuse » à la restauratrice des images. Au contraire, Léon, dès son avènement, s’était déclaré l’homme-lige du Franc. C’était officiellement la négation de la suprématie nominale reconnue à l’empire d’Orient. C’était la déchéance proclamée des successeurs de Justinien. L’équivoque de l’hégémonie romaine jusqu’alors admise par le monde était nettement dénoncée par la première autorité morale des Latins. Par suite, on déniait à Byzance le privilège de revendiquer un droit souverain dans les affaires de la chrétienté.

À constater cette déchéance, Irène et Jean décidèrent de ne pas récriminer. Discuter cette situation, c’était la reconnaître ouvertement. Il seyait d’agir d’autre manière. L’impératrice oublia son mal et les remèdes. Sortie de Daphné à la tête de ses cortèges, elle voulut conduire le spathaire jusqu’au vaisseau qui le mènerait vers le Franc pour arrêter le pala-