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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/457

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

din sur la route de Sicile en lui offrant, comme dot, tout l’empire d’Orient avec la main de la Très Pieuse.

Ainsi la bataille et la déroute seraient évitées. Ainsi la force des Barbares blonds serait acquise à la défense, à la gloire du Paraclet. C’était l’union charnelle des deux moitiés de l’empire romain qui se fianceraient pour les Temps, comme, dans les familles heureuses, les seconds cousins se lient par mariage afin de sauver l’intégrité du patrimoine et les traditions des ancêtres.

Irène se souciait peu que Karl fut un barbon sans politesse, naïf et géant. L’histoire des ânesses la fit sourire. Peu lui importait. Le spathaire fut chargé de dire au Franc que l’Athénienne, élue comme épouse par feu l’autocrator de Byzance pour ses qualités plastiques et son génie, renommée par le monde pour avoir terrassé les iconomaques et contenu les Sarrasins au delà du Taurus, que cette belle impératrice l’aimait : il était, sur le monde, le seul empereur digne d’elle, à cause de ses exploits, à cause de sa puissante sagesse.

En effet, à l’est du Rhin et des Alpes, Byzance passait pour une ville de légende, quasi divine, où se rencontraient les esprits délicats d’Europe, d’Asie, ceux qui conservaient l’héritage des sciences incluses aux cerveaux des races chaldéennes, égyptiennes, helléniques et latines. Or, cela même, sous le symbole humain d’Irène, se présentait à l’orgueil de Karl, à lui qui, pour imiter les Grecs, avait fondé son école pala-