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IRÈNE ET LES EUNUQUES

tine, relevé les collèges ecclésiastiques, et fait rassembler les manuscrits précieux dans les abbayes.

Irène ne doutait pas qu’il serait flatté. En l’épousant elle lui donnerait l’investiture réservée aux Césars. Il ceindrait légitimement la couronne du grand Constantin. Il prendrait possession de l’héritage laissé par Auguste, Marc-Aurèle et Justinien. Le spathaire partit avec ces idées de Pharès et de Jean, probablement décisives.

Le jour de Noël, Charlemagne fut proclamé dans Rome empereur d’Occident. Peu de temps après débarquèrent à la Chrysokéras l’évêque d’Amiens Josse et le comte Helgaud. Ils venaient répondre aux propositions du spathaire.

Alors ce fut, dans Byzance, un grand trouble. Aétios justement adjugeait à son frère le commandement sur les thèmes de Thrace et de Macédoine. Ainsi lui avait-il mis dans les mains l’armée propice au coup d’État. Nicéphore n’avait pu s’opposer à ces manœuvres sans risquer trop, bien que son ami Siginnios, gouverneur de la Thrace, se trouvât ainsi destitué. Dans le moment même où le bel eunuque pensait tenir le sceptre, l’apparition des Francs anéantit son espoir entier. Ses ennemis, les anciens zélateurs de Staurakios se réjouirent bruyamment, approuvèrent le dessein d’Irène, sur les gradins de l’Hippodrome, sous les arcades des nymphées, sur les bornes des carrefours. Ils louaient l’impératrice de ce génie qui réunissait en une seule omnipotence les empires d’Orient et