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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/469

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

dépouillés de leurs biens. Ils accusèrent Bythométrès de faiblesse, et même de trahison. C’était précisément l’heure où, pour la première fois, Nicéphore parut dangereux, les convives de Sisinnios et de Nicétas ayant, certain soir, hissé le gros logothète sur un pavois et l’ayant promené par tout le quartier des foulons à la tête d’une foule considérable, chanteuse de refrains subversifs, amie de militaires turbulents. Jean et Irène ne jugèrent pas le moment opportun pour diminuer le prestige d’Aétios et de Léon en les démentant. Le curopalate fît entendre à Grégorios fils de Mousoulacios qu’on ne pouvait lui conférer alors la dignité de stratège en Macédoine mais qu’on le nommerait dans un autre thème.

Impétueux et téméraire, le solliciteur n’accepta point cette mesure dilatoire. Il courut se jeter aux pieds de Nicéphore, lui promit, afin d’abattre Aétios, le secours de sa famille entière qui comptait plusieurs chefs de légions. Ceux-ci jusqu’à présent hésitaient entre les scholaires de Nicétas et les Thracésiens de Léon qui leur proposaient également des pactes. Non sans calmer le rebelle, non sans protester de sa vénération pour l’impératrice, de son admiration pour Aétios, le logothète général accueillit l’offre. Les questeurs Théoktistos et Serantapichos persuadèrent les soldats dans les casernes de Chalcé : « Aétios et sa clientèle pressaient Irène dans Éleuthérion pour qu’elle associât Léon à l’empire. Les légionnaires supporteraient-ils que le frère de l’eunuque les commandât ? Mieux valait Nicéphore. »