Aller au contenu

Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/468

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
438
IRÈNE ET LES EUNUQUES

députés des thèmes appelèrent leurs amis de la province. On campa dans les jardins de Sisinnios qui s’étendaient jusqu’au Bosphore. Ce fut une ripaille continue. Comblés par les riches, deux questeurs, Serantapichos et Théoktistos, couvrirent de leur autorité judiciaire ces désordres qu’Aétios dénonça.

Mais Bythométrès aimait que les gens hostiles au bel homme pussent lui opposer d’infranchissables obstacles. Il encourageait de son mieux Nicéphore qui fut promu logothète général. Le quartier des foulons s’enguirlanda. Le dimanche suivant, avec une grande pompe, le cortège corporatif fut remercier la Panagia de Sainte-Sophie pour cette faveur. Bythométrès crut maintenir l’équilibre, en faisant, par Irène, flatter tantôt le superbe patrice et tantôt le logothète général ; tandis qu’il réglait méticuleusement les clauses du contrat nuptial avec l’évêque d’Amiens.

Nicéphore n’aspirait guère à chausser la pourpre. Il se fut borné au rôle de ministre populaire, si, parmi ses collaborateurs familiers, ne se fussent trouvés des personnages très ambitieux. Les patrices Grégorios et Pétros gardaient rancune à l’impératrice et à Jean parce qu’ils s’estimaient trop méconnus. Ayant convoité le thème de Macédoine ils se résignaient mal à leur échec. Ennemis d’Aétios, qui les avait durement évincés, ils n’excusèrent pas Irène de lui laisser tant d’honneurs. Surtout les patrices redoutèrent que le bel ange bouclé ne livrât la couronne à son frère, avant peu, et qu’eux-mêmes ne fussent alors exilés, ruinés,