Aller au contenu

Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/467

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
437
IRÈNE ET LES EUNUQUES

dans tous les versets de l’Apocalypse. Aux foulons se joignirent les orfèvres, les corroyeurs et les charrons, les émailleurs, les parfumeurs, les architectes :

— Nicéphore le Logothète nous sauvera seul du Franc et de l’avidité de Léon, frère de l’eunuque… Triomphe Nicéphore !… Il n’ignore aucun des intérêts de la Ville ; tandis que notre très pieuse Irène nous oublie dans le laboratoire de son alchimiste… Périssent Léon et les eunuques. Triomphe Nicéphore le sage Logothète !

Les émissaires des thèmes se rallièrent à ce cri. Nombreux, déterminés, conscients de la force qu’ils représentaient, le glaive sur le ventre, ils fréquentèrent le quartier des foulons. Étrangers, ils reçurent une hospitalité d’autant plus généreuse qu’on escomptait le prix de leur aide. Nicétas les fit fraterniser avec ses drongaires et ses comtes. Beaucoup des militaires qui n’avaient obtenu d’Aétios que des promesses insuffisantes se réunirent à ces camarades des provinces. Les scholaires peu à peu désertèrent le parti de Léon, pour se rapprocher de leur chef et de Nicéphore. À la fin de l’été, la population marchande et la garde du Palais s’acoquinèrent. Le patrice Sisinnios et son frère Nicétas ouvrirent leurs palais aux principaux de la faction. On banquetait autour de leurs tables que les changeurs et les maîtres des corporations fournissaient abondamment. Sous le faix des volailles, des fruits, et des outres pleines, trottinaient les mules en files qui se dirigeaient vers le seuil des deux frères. Les