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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/473

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

meurèrent silencieux, rigides et, en somme, indifférents à sa plainte. Elle s’affaissa sur le sol, sanglota. Ses eunuques la soulevèrent attendris. Ils la portèrent dans sa cathèdre. Elle les détesta parce qu’ils assistaient à sa déchéance. Elle les chassa. Leurs pas mous s’éloignèrent.

Soudain, elle imagina que ce malheur était un châtiment pour le supplice de Constantin ; et elle vilipenda Staurakios mort, Aétios lointain, Bythométrès présent, lui, qui se blottit dans ses manteaux noirs, le nez pâle et les yeux tristes. Elle cria que, depuis ce crime, elle n’avait cessé de souffrir, que l’instinct d’hérédité, que son instinct maternel, lésé par ce sinistre événement, s’était révolté en elle-même, affaiblissant l’esprit par une obsession tragique, usant les nerfs, les organes qu’ils commandent, la chair, le cerveau. Et puis, cet assassinat l’avait certainement rendue odieuse aux yeux des mères et de la multitude sentimentale. De là cet isolement où l’abandonnait son peuple, tandis que les marchands et les provinciaux acclamaient un Nicéphore, tandis que les iconoclastes approchaient du trône un Aétios, après un Staurakios.

Enfin, deux officiers de Nicétas communiquèrent l’ordre de conduire l’impératrice au Palais Sacré. Irène s’estima sauvée. Le Sénat la seconderait. On accorderait à Nicéphore le titre de César, on l’enverrait régir les thèmes d’Asie. Elle demeurerait la maîtresse. Elle épouserait le Franc.

Vive et hardie, elle se para des ornements officiels,