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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/474

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

des insignes. Elle prétendit imposer à de misérables adversaires le spectacle d’une magnifique attitude. Cet effort accompli, et comme le protovestiaire lui remettait le sceptre, elle fondit en larmes. Son émotion gagna les femmes qui gémirent et se lamentèrent. Irène raisonnait tout haut, à la manière des théurgistes. Le rythme de destruction qu’avait engendré son âme volontaire afin de réduire les forces ennemies du Copronyme et du Khazar, la dominait donc à tel point que, déjà, son affection maternelle avait été trahie par la puissance acquise de la fatalité, à tel point qu’elle-même succombait en sa personne morale, et que le fruit de l’œuvre pénible se dérobait sous sa main.

Les simandres retentissaient pour la gloire de l’usurpateur en ce gris matin du 1er novembre, pendant qu’Irène évoquait son adolescence de vierge philosophe. Avec une dévotion de chaque heure, de chaque pensée, n’avait-elle pas tenté, durant sa vie impériale, la pratique des idées sublimes ? Pourquoi le Théos la frappait-il ?

On l’assit dans sa litière, et elle fut au milieu des cavaliers. Jusqu’au Palais Sacré, elle ne vit que les harnais tendus sur les croupes des chevaux, et les postures roides des soldats bardés. Dans Chalcé même, une double haie de candidats hérissée de lances, lui cacha la foule murmurante et grouillante des fonctionnaires. Au seuil de Daphné, elle réclama la présence de Jean Bythométrès, de Pharès. Le drongaire l’assura que celui-ci était à l’article de la mort, et que le patrice Sisinnios avait appelé l’autre.