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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/475

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

On la séparait de ses amis. Par dignité, elle ne protesta point, se laissa mener avec ses cubiculaires dans ses appartements privés. De là, elle put examiner les troupes occupant les jardins, gardant les terrasses et les porches. Tout le jour elle attendit en vain qu’on statuât sur ses volontés. Elle demanda les sénateurs. On lui répondit qu’ils interrogeaient Nicéphore sur l’Augustéon, et qu’ils viendraient ensuite rendre hommage avec lui. En apprenant les noms de ceux qui plaidaient en faveur du Logothète général, elle céda brusquement à la colère. Le sacellaire Léon de Sinope, les frères Triphyllios, les autres, avaient été par elle comblés de présents. Ils avaient maintes fois dîné à sa table. Elle répéta leurs serments terribles de préférer à toutes choses du monde son amitié. Et elle éclatait de rire, en délirant.

Elle exigea qu’on fût quérir du moins le patriarche. Deux heures plus tard, l’émissaire revint disant que les prêtres et les évêques s’étaient, de bon matin, assemblés autour de Tarasios pour le supplier de soustraire l’Église orthodoxe à la tyrannie du pape, car le Franc ne manquerait pas de l’implanter dans Byzance. Le patriarche n’avait pu se débarrasser de leurs pieuses objurgations. Lui-même avait, dans Sainte-Sophie, consacré Nicéphore, à l’aube. Mais Irène refusa de croire à cette prompte trahison.

Vers le soir, il fit grand froid. Elle grelottait. On ne put se procurer de fagots, parce que les gardes avaient la consigne de ne laisser ouvrir aucune porte,