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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/484

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

le nom du Seigneur soit béni ! Donc, ayant invoqué le seul Roi de tous les rois, et le Seigneur des seigneurs, je lui attribuerai ton élévation ; car je crois que, sans un signe de son omnipotence, rien ne peut advenir. Le succès de tes agissements prouve que les bruits répandus sur ton compte étaient vrais. Si j’avais permis qu’ils persuadassent ma prévoyance, nul ne me désobéissant, tu eusses péri. Or, rassurée par tes protestations et tes serments, j’ai voué ton destin et celui des tiens au Théos qui commande le monde par l’entremise des princes et des rois. Aujourd’hui, par conséquent, je te respecterai comme l’empereur promu par Lui-même. Voici que je te prie d’épargner ma faiblesse, et de me laisser, pour consolation d’un incomparable désastre, le palais d’Éleuthérion que j’ai construit de mes mains…

Cette allocution d’une âme courageusement résignée n’émut qu’à demi les sénateurs, les patrices. Ils se concertèrent un instant autour de Nicéphore. Le besoin d’argent les pressait. Des corps de troupes étaient peu sûrs. Certains menaçaient de rejoindre Aétios et Léon en Thrace, si l’on manquait aux engagements pécuniaires. Sisinnidos et Grégorios avaient vidé leurs caisses. Les foulons ne voulaient plus dénouer les pans de leur bourses. À tout prix il fallait obtenir d’Irène le fonds des Isauriens. Les patrices soufflèrent à Nicéphore cette réponse :

— Si tu désires, Despoïna, que les privilèges te soient conservés, jure auparavant sur les bois de la