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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/489

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

son curopalate. Le patrice la contenta sur ce point.

À la vérité, le séjour dans l’île ne fut pas si dur qu’elle avait craint. L’hiver âpre et précoce fit goûter les avantages de la retraite, quelques jours. On assure qu’en abordant, elle se fit mener dans sa chambre, se coucha, dormit quarante heures. Au bout d’une quinzaine, elle apprit que trois officiers des Scholaires, et un ami de Nicétas avaient été étouffés dans un cachot des Noumera, pour avoir accusé l’empereur de répandre ses largesses parmi les manichéens au détriment des orthodoxes. Les turmarques des scholaires au premier mouvement de leur indignation, eurent l’audace de traverser le Bosphore, et de venir se plaindre auprès de l’impératrice.

Entourée de ses nonnes et de ses chapelains, dans une salle faite de mosaïques admirables qui perpétuaient le souvenir des Douze Apôtres avec leurs images gigantesques, elle reçut ces hommes aux cuirasses écailleuses, aux lourdes cnémides, aux manteaux d’écarlate. Ce fut une audience impériale sans que les chambellans ecclésiastiques omissent rien du protocole. Les turmarques se commentèrent longuement. Des juges militaires envoyaient au supplice les familles haïes par les foulons qui régentaient la ville. Bien que Nicéphore eût congédié les ambassadeurs de Karl en leur décernant tous les honneurs et en leur adjoignant un héraut grec chargé de reconnaître l’Empereur d’Occident, on craignait, en Sicile, l’invasion des Francs papistes. Irène recueillit ces doléances, les fit rédiger