Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/488

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
456
IRÈNE ET LES EUNUQUES

saillements de douleurs et de rage qui secouèrent son être dans la châsse de l’habit cérémoniel. Mais, dédaignant de répliquer, elle demanda qu’on la conduisit dans Éleuthérion si les trésoriers du Sénat avaient fini de recevoir l’argent. Grégorios donna les ordres nécessaires. Trois chevaux blancs attelés à un char du Palais s’avancèrent. Le patrice aida respectueusement Irène à prendre place. Lui-même sauta sur un coursier. L’on partit au milieu d’acclamations. Des cavaliers précédèrent et suivirent. Consternée, Irène ne s’aperçut pas d’abord que l’on se dirigeait vers le Pelagion. Ensuite, elle crut que l’on choisissait un détour pour des raisons de police.

Le char s’arrêta sur le quai devant la passerelle d’un dromon. Comme l’impératrice poussait un cri de surprise et de révolte, Grégorios dit :

— Ô maîtresse des Romains, les hommes sages estiment que tu te reposeras mieux au monastère que tu fondas dans l’île de Prinkipo. L’air y est plus sain que dans le paysage d’Éleuthérion. Et tes religieuses te chérissent. Veuille m’autoriser à t’y conduire.

— Voilà donc l’effet de vos promesses ?

Atterrée, elle n’objecta plus rien. Avant que le signal fût donné aux rameurs, elle s’informa de Bythométrès. Grégorios répondit que les sénateurs avaient conseillé à l’eunuque de regagner Athènes, sa patrie, pour instruire de son art non pareil la jeunesse. On l’avait embarqué sur un vaisseau mettant à la voile. Alors elle exigea du moins un reçu des sommes livrées par