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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/487

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

dos courbé de scribe semblait fléchir sous les honneurs indus ; et il regardait l’Athénienne à la dérobée, avec un air tantôt narquois, tantôt humble, tantôt haineux. Pourtant, il la remercia d’avoir exactement remis à l’état le fonds isaurien. Elle garda le silence, et sentit qu’elle commettait une faute. Quand elle voulut la réparer en prononçant quelques paroles d’alliance, un higoumène merveilleusement barbu commençait le discours d’accueil au nom des confréries.

Or, au moment de pénétrer dans la magnificence illuminée du sanctuaire, Nicéphore, d’un doigt levé, arrêta l’impératrice. Aussitôt elle fut entourée de dignitaires obséquieux. Le patrice Grégorios lui représentait à voix basse, entre ses révérences, qu’il ne seyait point à la Très Pieuse Irène de remercier publiquement le Théos pour l’avènement du Basileus. Il ne convenait pas que le maître des Romains parût devoir son élévation à un autre choix qu’à celui du peuple et des légions.

Grave, avec un peu de tristesse feinte dans les yeux fugaces, cet homme gracieux commentait la loi des hiérarchies, pendant que défilaient, en s’inclinant au passage, les fonctionnaires, les officiers, les prêtres, tous les gens de cour. Lui-même, après chaque phrase, saluait de sa tête aux cheveux lisses, peignés vers les sourcils, vers la barbe courte et soyeuse. Il gardait les mains en croix sous le manteau blanc que barrait une large bande d’azur verticale depuis le cœur jusqu’à la cheville du pied gauche. Irène ne put réprimer les tres-