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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/54

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

d’un thème militaire. Irène regardait cette salle nue aux murailles de pierres bleuâtres, tellement polies qu’elles reflétaient les quatre scribes siégeant sur leurs cubes de bois rouge, les roseaux en main. Une tenture relevée sur le cintre de la fenêtre montrait les mille dômes de Byzance entre les hauts cyprès, et, tout au loin, la blancheur d’une statue équestre par-dessus les feuillages du jardin jauni, roidement taillé.

— Ma fille, il importe que je voie toute ta beauté,… puisque tu es digne de la réputation que te firent les saints évêques de l’empire ! Que ta complaisance accepte l’examen paternel d’un vétéran comme une marque d’affection. Ô félicité de mon fils Léon, ô délices d’Athènes ! Te voilà donc ici, toi de qui les mers chantent la science ! Et tu n’es qu’une petite enfant tendre, pourtant !

En ses mains halées, velues, chargées de bagues, il prit les longs doigts d’Irène. Il s’étonna des nattes fauves et brunes, des épaules potelées sous la robe de soie. Dans la longue figure couperosée, les yeux malins du Copronyme s’émerveillaient à l’ombre du front étroit. Il se voûtait sous une tunique de cuir souple où, de-ci de-là, subsistaient les traces du baudrier. Autour des genoux cagneux se tendait l’étoffe damassée des caleçons. Souvent il prenait, sur la table, un style d’ivoire, afin de gratter ses cheveux gris, rares sur l’occiput, abondants et longs contre les replis de son cou.