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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/70

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Cependant, la mer radieuse étendait au loin son ruissellement blanc, et le ciel était comme une gloire de flammes.

Enfin, le chant de mille trompettes, les évolutions des armes étincelant au soleil sur le front des lignes militaires, les galopades des drongaires indiquant quelques ordres suprêmes, la clameur et le hosannah poussés par la multitude des moines avertirent de l’heure tant apprêtée.

Et l’on reconnut sous les murs d’Éphèse les étendards de Michel Lachanodracon, commandant le thème. Il s’avança sur un cheval blanc devant les ailes d’or éployées aux casques de l’escorte. On ne distinguait ni son visage à cause des grosses perles qui pendaient contre ses joues, ni son corps à cause de la chape d’orfroi étendue depuis ses épaules jusqu’à la croupe du coursier, et dont les franges balayaient une coudée du sol.

Et les paysans admiraient cette magnificence, sans dire, lorsque, brusque, un héraut du palais surgit auprès d’eux, parmi les caracolements d’un escadron.

Il prescrivit de faire silence. Il lut un édit enjoignant aux religieux et religieuses de l’empire de s’épouser sur l’heure, à moins qu’ils ne préférassent l’exil dans l’île de Chypre, et le supplice des yeux crevés.

— Que celui qui voudra obéir à l’empereur et à moi se couvre d’une robe blanche et, sur-le-champ, prenne épouse.

Ainsi en ordonnait le très pieux Constantin, détestant