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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/71

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

l’hérésie du prêtre de Rome, qui se faisait appeler, par orgueil, « successeur de Pierre ».

Le célibat était un péché contre le Iésous, puisqu’Il avait voulu naître dans le sein d’une épouse. Il appartenait au patriarche de Byzance et au très glorieux Constantin, de mettre fin à la coutume impie.

En même temps, et par toute l’étendue de la plaine, cinquante hérauts proclamèrent en divers points le même édit. Et cette lecture sembla provoquer le délire des soldats. Les acclamations roulaient sur leurs lignes comme les voix d’un ouragan. On vit s’agiter les bannières. Michel Lachanodracon calma l’armée d’un signe de son bâton d’ivoire. Une seule trompette sonna devant l’impassible stratège. Les cavaliers bondirent dans les deux foules.


Les pâtres connurent aussitôt une chose inouïe. Des soldats poussèrent simultanément, les uns vers les autres, des groupes de dix moines et de dix religieuses. On avait dressé un autel où le patriarche de Byzance disait la messe nuptiale ; et, derrière, s’élevait une grande tente. Là, le mariage devait immédiatement se consommer après la bénédiction.

Les bourreaux remuaient leurs fers dans des fournaises.

Les cinq premiers moines tendirent leurs yeux aux pointes brûlantes ; mais le sixième se rejeta en arrière et entra sous la tente. Le septième se fit aveugler. Le huitième aussi. Les deux derniers obéirent à l’édit. Des religieuses, une seule osa subir la douleur. Mais