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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/89

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

écarter de ses appartements quiconque déplaisait à ses frères. Irène déplora comme un très grave déboire l’espèce de divorce qui suivit cette rupture bruyante. Jean lui conseilla de faire figure. Ils ne cessèrent pas de rassembler, dans l’École de philosophie, les amis d’Anthusa, de Théophane, de Staurakios et de Pharès. Tous discouraient tour à tour sur la nature des Anges et sur celle du Théos, peut-être inintelligible, sur la science qui fait connaître la Providence, et sur l’extase qui fait connaître l’Un, selon Proclus.

Après ces dissertations, les eunuques s’assuraient que Léon IV Basileus ne vivrait plus vieux. Les humeurs lui décomposeraient le sang.

Lui-même se navrait de sa fin proche. Il s’enferma dans ses chambres obscures, pour jouir de ses joyaux. Il baignait ses mains, son visage, sa barbe, dans le ruisseau de pierreries ; il s’ingéniait à leur découvrir des jeux de lumière inconnus, des qualités médicales.

Bientôt rien ne réfréna plus le délire de cette passion bizarre. Se prévalant de l’hérésie iconoclaste, il fit enlever des sanctuaires les pierres dont il était devenu amoureux, au grand scandale des orthodoxes.

Dans Sainte-Sophie, étincelait une couronne d’or enrichie des plus belles gemmes du monde qu’avaient conquises les empereurs romains aux temps des victoires illustres sur l’ensemble des peuples. L’empereur Héraclius l’avait consacrée à Dieu parce que, trop lourde, nul ne la pouvait coiffer. On l’avait suspen-