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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/88

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

la nuit, de concert avec le protospathaire Jacques, apporté ces « idoles ». Ce qui était véritable, du reste, car ils obéissaient à Thomas.

Le Préfet de la Ville les soumit à la torture. Rasés, déchirés du fouet, on les conduisit tout saigneux à dos d’ânes par les rues, jusqu’à la prison du Prétoire. Soumis à la gehenne, Théophane mourut de ses blessures. Thomas et les autres propagandistes allèrent de la basse-fosse au cloître.

Bien qu’elle se gardât de nier sa sympathie pour les icônes, Irène sut éviter la disgrâce entière qui eût compromis son œuvre. Elle protesta qu’on avait, à son insu, dissimulé ces simulacres sous l’oreiller dans l’intention de lui nuire auprès de l’empereur. Elle songeait que le sacrifice de sa franchise était compensé par l’assurance de continuer plus tard son apostolat.

Léon toutefois ne s’y voulut fier. Sur le moment, il la traita mal, l’injuria, lui reprocha de n’avoir ni honneur ni religion, pour violer l’horrible serment fait à l’empereur défunt sur les choses saintes. Elle voulut s’approcher afin de l’adoucir. Elle réussit même à l’attirer dans leur couche. Mais quelles que fussent leurs caresses, elles ne ranimèrent plus la passion morte de Léon. Alors, ayant compris sa faiblesse irrémédiable, il la repoussa avec beaucoup de violence, et s’en fut. Tout l’été, il refusa de la voir.

Ses maux ordinaires le contraignirent à s’aliter. L’émotion lui avait valu de la fièvre ; prétexte pour