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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Si la foule et les familles militaires s’affiliaient à leur parti, Jean lui rendit l’Église favorable en divisant le troisième quart de ce revenu royal entre les monastères et les basiliques ravagés par la fureur iconoclaste. Anthusa distribua ses robes précieuses et rares, ses robes de cour, à qui voulut pour orner les autels et les habits sacerdotaux.

Bien qu’il n’eût jamais autorisé le rétablissement des images, l’empereur montrait, par respect pour sa sœur, une grande tolérance à l’égard des iconolâtres. Le lecteur Paul, devenu patriarche à la mort de Nicétas, admettait l’orthodoxie ancienne. Pourtant Léon ne souffrit pas cette manière de conspiration capable, au moindre éclat, de soulever contre lui des armées mêmes. Ses frères l’avertirent qu’un culte clandestin se pratiquait dans les appartements d’Irène. Un matin, pendant les prières du carême, Léon pénétra dans les chambres, à l’improviste, fit fouiller partout. Sous l’oreiller du lit impérial, on trouva deux images : le Christ, la Vierge. Irène les faisait baiser par ceux que les Eunuques avaient acquis à leur cause, par ceux dont le rang, le mérite, ou le génie méritaient cette faveur secrète et rare.

C’était le cubiculaire, Thomas, qui introduisait là ces amis. Comme il ne seyait, par décence, de s’emporter contre la Despoïna elle-même, ni contre le Mesureur d’Abyme trop révéré, Léon accabla les subalternes. Des espions déclarèrent que Papias et Théophane détenteurs des clefs du palais avaient, pendant