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Page:Ageorges - L’enclos de Georges Sand, 1910.djvu/14

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L’ENCLOS DE GEORGE SAND

au sujet d’une greffe en écusson maladroitement pratiquée ; elle s’anime, cite ses auteurs, gage de réparer le dégât… Ensuite, comme le pauvre homme s’excuse d’un air piteux, elle lui tape familièrement sur l’épaule : « Allons, allons ! te désole pas ! Il n’y a pas mort d’homme ! » Puis elle compte les pêches des pêchers, elle s’informe de l’époque où les reinettes seront à point, Mlle Aurore et Mlle Gabrielle aiment tant les « pommes Dauphine ! » Elle s’inquiète des progrès des choux-fleurs et se promet de les accommoder elle-même ! « Vois-tu, mon vieux, moi ma vraie vocation était d’être cuisinière ! » Le jardinier sourit, opine : « Marne Sand, çà se pourrait ben ! » Elle avance… elle cause… Quoi de nouveau au bourg de Nohant ! Tu dis que la pomme de terre est germée ? Combien se vend le boisseau à la Châtre ?… Tout à coup, elle s’arrête devant un rosier ! « Oh ! quelle merveille ! »

Ces roses de Nohant sont exquises. J’en garde deux qui, au bout d’une année n'ont rien perdu de leur grâce. La main qui me les cueillit ne se refermera plus sur aucune fleur. Le petit cimetière de Nohant abrite deux tombes que nous n’y avons pas vues. Il faisait, ce matin-là, un temps d’automne lumineux et triste. La Vallée Noire frissonnait. Le mur croulant du cimetière ne nous protégeait pas contre la bise. Nous restions debout