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Page:Ageorges - L’enclos de Georges Sand, 1910.djvu/20

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L’ENCLOS DE GEORGE SAND

vagabonds et les vieux outils, s’éparpillaient sur la campagne aux grâces mélancoliques. Le long des routes mal tracées, des diligences boitaient et grinçaient entre des rangées de bouleaux. Des traînes où passait le bétail sillonnaient des vallons « embrunis » ou des guérets dépourvus d’attraits. De loin en loin, le pigeonnier d’une gentilhommière jetait, sur le fond du paysage, la note ironique de son chapeau pointu. Et ainsi par les jours tempérés des printemps discrets, des étés polis, des automnes languissants et des hivers supportables, sous un soleil adouci ou des brumes ténues, autour de La Châtre, bourgade sans malice, une brave bourgeoisie attendait l’aurore des temps nouveaux.

En la ville, le calme présageait les tempêtes, car par les grilles en fer forgé des hôtels, par les portes semées de clous des maisons basses, dans les salons aux meubles commodes, la « philosophie » avait pénétré. On parlait Encyclopédie ; on parlait Nouvelle-Héloïse. On savait les beaux sentiments et les riches penseurs. Il y avait des gens qui s’appelaient Chabenat, Moulins, Tourtat, Pignot, obscurément, pour se gausser de la sottise de M. de Galonné et louer la pro-