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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

de ma santé, dont je te parle avec le désir que la présente te trouve en meilleur état que moi.

» Bien des compliments respectueux à M. le baron ainsi qu’à sa dame, à qui je renouvelle mes remerciements.

» Avec lesquels je reste pour la vie, mon cher enfant, ton meilleur ami et ton second père

»BORDELAIS LA ROSE. »

Après avoir lu trois fois cette lettre, Jean courut la montrer à la baronne.

Celle-ci en prit connaissance et, la rendant au jeune garçon, elle lui dit :

— Demeurez-vous dans les mêmes intentions, Jean ?

— Plus que jamais, répondit Jean avec résolution. Vous voyez que mon ami, M. Bordelais, ne parle pas d’entreprendre de voyage avec moi ; il avait quitté Mérignac — c’est près de Bordeaux — avec la pensée de ne faire qu’une courte absence. Il me conseille d’écrire. Écrire à qui ? Non, il faut pouvoir questionner, tirer parti d’une indication…

— Sans doute ! fit la baronne, émerveillée de l’assurance et de la bonne volonté du petit bonhomme. Au moins, ajouta-t-elle, me permettrez-vous, mon enfant, de vous offrir une petite somme… pour une partie de vos frais ?

— Oh ! que non, madame ! Ce serait trop de bonté de votre part, et de la mienne une maladresse.

Jean dit alors comment il entendait se faire entièrement défrayer par l’Allemand. Et il expliqua à la baronne que Jacob Risler, si coupable envers elle et lui, ne s’était nullement pressé de trouver un acquéreur pour la maison du Niderhoff et n’avait jamais montré son intention d’entrer en payement, ainsi que cela était convenu, dans le cas où il garderait cette maison.

Qui fut penaud ? ce fut Hans Meister, une heure après cet entretien, lorsque Jean Risler lui cria du seuil de sa porte entr’ouverte :

— En route ! en route, mein Herr !

L’Allemand prêta l’oreille. N’entendant personne dans l’escalier, il fit signe à Jean d’entrer, et marcha vers la fenêtre espérant y être suivi par le jeune garçon. Mais celui-ci se défiait.

— Non, non, dit-il, nous n’avons pas une minute à perdre pour aller prendre à la Queuille le train d’Orléans.

— Le train de… ?

— Le train d’Orléans, répéta Jean, jouissant de la stupéfaction du compère de Jacob.