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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/141

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

— J’ai l’honneur, fit Hans Meister esquissant une révérence. Point d’argent !

— Oh ! que si ! Une bagatelle ! Vingt-cinq francs par place environ… en troisième… où il y a beaucoup de monde. Allons ! remuons-nous ; la voiture va partir ! on attelle.

— Je ne bougerai pas.

— Vous préférez que j’envoie chercher les gendarmes ?

— Les gendarmes ?

— Oui, pour voyager aux frais du gouvernement, — histoire peut-être de voir la mer… et de faire connaissance avec les anthropophages de la Nouvelle-Calédonie. En route ! En route !

L’Allemand comprit que le moment de résister n’était pas encore venu.

Son bagage, des plus simples, consistait en un sac de toile de la capacité d’un sac de mille francs en argent, d’où s’échappait un coin de l’indispensable mouchoir rouge, sac trop gros pour trouver place dans une poche et bien petit pour être porté à la main sans se donner du ridicule.

Quant à Jean, la baronne l’avait muni d’une petite valise contenant quelques chemises distraites de la garde-robe de Maurice et un peu de linge.

Hans Meister se décida enfin à suivre le petit Parisien, et, cinq minutes après, ils s’installaient l’un et l’autre sur la banquette de la voiture faisant le service entre le Mont-Dore et la Queuille. Pour la première fois, l’Allemand avait tiré de sa poche son porte-monnaie : ce n’était pas la dernière.

Maurice du Vergier devait venir bientôt, — Jean le savait, — prendre place sur la même banquette. Inquiet sur la façon dont le petit Parisien comptait réaliser son dessein, il avait obtenu de ses parents la permission de le voir aux prises avec les difficultés du début. La baronne lui recommanda vivement d’arrêter Jean, si dès les premiers pas, dans cette aventure, le moindre danger paraissait devoir en sortir pour le généreux enfant. Maurice qui possédait des dispositions pour la diplomatie, s’engagea vis-à-vis de sa mère à obtenir ce qu’elle désirait, et amena son père à lui accorder, comme valable compensation, de ne pas revenir à Clermont par le plus court chemin, et d’aller visiter le célèbre plateau de Gergovie, illustré par la belle défense de Vercingétorix.

Le baron, très heureux de cette demande qui le flattait dans ses goûts d’archéologue, permit tout ce que son fils voulut.

Jean allait refaire, en sens contraire, ce voyage de la Queuille à Mont-Dore-les-Bains, accompli déjà il y avait moins de deux fois quarante-huit heures ; bientôt il retrouva quelques-unes de ses impressions.