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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/143

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

— Mais… c’est moi, puisque je fais une invitation.

Hans Meister rengaina son mouchoir rouge. Le fils du baron et le petit Parisien prenant les devants, il dut se résigner à les suivre : du coin de l’œil, les deux jeunes garçons surveillaient l’ombre démesurément longue du « Mentor » de Jean, emboîtant le pas derrière eux.

On se dirigea vers un café-restaurant de la place de Jaude, la plus grande place de Clermont, bordée de belles maisons. Du centre de la place, Maurice et Jean aperçurent au bout d’une rue le puy de Dôme, dans une perspective très rapprochée mais trompeuse. À l’une des extrémités de la place s’élève la statue de Desaix, œuvre de Nanteuil : Maurice la désigna à Jean en lui apprenant que ce général de l’armée d’Italie, aux jours victorieux de Marengo, était né aux environs de Clermont.

Un moment après, Maurice et Jean, suivis de Hans Meister, entraient dans le café.

Maurice, tirant un tabouret de dessous une table, l’offrit cérémonieusement à l’Allemand, qui s’assit, un peu surpris de cette politesse : mais bien davantage surpris fut-il lorsqu’il vit que les deux jeunes garçons allaient prendre place à une autre table, — loin de lui. Il se rattrapa de cette humiliation sur la quantité et la qualité des mets.

— Si vous me donniez cette journée ? dit le fils du baron à Jean, lorsqu’il eut mis une aile de poulet sur chaque assiette et rempli les verres. Je vous emmènerais à Gergovie… et vous partiriez demain matin pour Orléans ? Laissez-vous tenter… Ce ne serait qu’un jour perdu… et encore perdu !

— Un jour c’est beaucoup, observa Jean. Mais que ferai-je de mon Allemand ? Le forcer à venir avec nous… gâterait notre plaisir.

— Vous ne pouvez cependant pas l’avoir toujours auprès de vous ? Quel moyen emploierez-vous alors ?

— Je le ferai garder… comme au Mont-Dore.

— Eh bien, faisons-le mettre sous clé ! Aussi bien, mon cher ami, est-ce une épreuve à renouveler dans d’autres conditions… avant d’aller plus loin.