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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/146

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

ville, on regarde la belle vallée de la Limagne, se termine à neuf kilomètres par le plateau de Gergovie. C’est là qu’on se rendait directement.

La voiture sortit de Clermont par l’extrémité méridionale de la place de Jaude, et suivit la nouvelle route du Mont-Dore, qui se dirige vers le sud, dominée par les puys de Montaudou et de Gravenoire. Cette route croise, peu après, le chemin de fer de Tulle.

La calèche roulait sur un terrain bombé de nature volcanique ; c’est une immense coulée de lave vomie par le puy de Gravenoire, couverte de scories, pleine de cendres et de pouzzolane. Le travail de l’homme a fini par transformer ce sol ingrat en beaux vignobles qui font la fortune des populations de Beaumont et d’Aubières. On dit que dans les belles années de récolte les buveurs sont admis dans les celliers de ces villages à raison de vingt centimes… par heure de consommation.

Beaumont est étagé sur un monticule.

La masse de lave descend sur le bord d’un ruisseau, côtoie de fraîches prairies, de riches vergers et remonte vers le village de Romagnat.

Le baron du Vergier était l’auteur d’une monographie estimée, sur le plateau de Gergovie. Son fils connaissait le pays pour en avoir longuement entendu parler par son père.

Après avoir dépassé Beaumont, il signala à Jean la petite rivière d’Artière, profondément encaissée entre des prairies et des vergers, et contournant la base du puy de Montrognon. Cette éminence couverte de débris volcaniques est surmontée d’une ruine féodale. Maurice apprit à Jean que la tour qui se dresse au sommet est ce qui reste d’un château élevé à la fin du douzième siècle par le premier dauphin d’Auvergne, château qui a appartenu à Catherine de Médicis, et que le cardinal de Richelieu fit démanteler.

Arrivés à Romagnat, ils suivirent pendant un moment la route d’Opmes. Près de ce village une voie carrossable a été ouverte en 1862, à travers les hauteurs de Risoles, pour faciliter l’accès de Gergovie à Napoléon III, qui s’occupait alors d’écrire son « Histoire de Jules César ».

Vue de Romagnat, la montagne où fut Gergovie, séparée des collines qui, de loin, semblent s’y joindre, affecte la forme d’un de ces tas de cailloux dressés avec régularité sur le bord des chemins pour leur empierrement. Mais elle a trois cent quatre-vingts mètres d’élévation au-dessus de la plaine, environ quatorze cents mètres de longueur et cinq cents de largeur. Son versant septentrional et celui de l’est présentent des pentes tellement abruptes qu’elles défient l’escalade. Le versant sud, au contraire, s’étage en un immense esca-