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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/152

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

dans la poudre du chemin. Il avait pour partner le « doux » Joseph, le frotteur de l’hôtel de la place de Jaude.

— Arrêtez ! arrêtez ! cria Jean, que Maurice suivait de près pour le seconder au besoin. Cet homme voyage avec moi, dit-il à l’Auvergnat, et je trouve mauvais qu’on me le mette en cet état… après les recommandations que nous avions faites !

— Mais, mon petit monsieur, dit l’Auvergnat, il voulait me brûler la politesse. Moi, j’ai répondu de lui, au patron, sur ma tête.

Le compère Hans profita de la trêve imposée, pour s’épousseter. De ses yeux louches, il regardait son bras droit en frappant sur sa manche gauche ; passant à l’autre bras, il regarda de même du côté opposé.

— Le camarade voulait déguerpir, reprit Joseph, mais ce n’est pas à moi qu’on la fait… en louchant, encore !

— Toi, petit, grommela l’Allemand, en s’adressant à Jean, tu me paieras ça tout à la fois !

Jean allait lui décocher un de ces mots menaçants qui avaient le don de le calmer.

— C’est bon ! c’est bon ! on verra, dit Maurice. En attendant vous allez revenir avec nous en ville. Il y a de la place dans la voiture…

On fit monter l’Allemand à côté du cocher.

— Quant à moi, observa l’Auvergnat, je ne puis pas rentrer en ville ainsi fait. Je vais aller par là, m’essuyer… avec un verre de vin. Mais attendez-moi, messieurs, je vous en prie, au bout de la place de Jaude, pour me rendre mon imbécile : je tiens à le présenter moi-même au patron, qui me l’a confié.