Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

un monticule, et occupant le milieu d’un hémicycle de volcans qui forment la berge occidentale du bassin de la Limagne. Chateaubriand, qui devait s’y connaître, déclare que la position de Clermont-Ferrand est l’une des plus belles du monde.

En arrière, le puy de Dôme dominait de ses 1,468 mètres la ligne de pics et de cratères, au nombre d’environ quarante, qui s’alignent du nord au sud, et vont se relier à la chaîne des monts Dores par une dune immense d’une élévation moyenne de plus de 800 mètres.

Maurice fit remarquer à son jeune ami que le puy de Dôme n’est pas un volcan chargé, comme la plupart des autres puys, de cendres et de scories. C’est qu’il doit son existence à un soulèvement : les feux souterrains se sont fait jour en vomissant leurs laves ardentes par les cratères environnants. Les pluies et les vapeurs qu’il attire lui donnent une fécondité remarquable ; aussi est-il couvert de bons pâturages et fréquenté par les troupeaux jusqu’à son sommet, — très accessible, d’ailleurs. — Pascal, né à Clermont, fit au haut de cette montagne de belles expériences sur la pesanteur de l’air.

Les deux amis ne pouvaient détourner leurs regards de ce vaste en semble, — la chaîne des Dômes à leur gauche ; devant eux, au fond et sur leur droite, la splendide plaine de la Limagne, et au delà de cette plaine, les montagnes du Forez — lorsque le bruit d’une violente altercation ramena leur attention plus près d’eux : au tournant du chemin, ils aperçurent deux hommes qui s’administraient des coups de poing, tout en s’injuriant. Presque aussitôt le plus fort des deux saisit l’autre à bras le corps, et ils allèrent ensemble rouler dans la poussière.

La voiture approchait du lieu de la lutte.

Les adversaires s’étaient relevés et, le bras à la hauteur des yeux pour la parade, ils préludaient à une nouvelle attaque. Les coups recommencèrent à pleuvoir drus, cette fois en détachant des vêtements des nuages de poussière.

Le plus maltraité — le plus faible — allait céder.

— Sacrament ! hurla-t-il pour se donner du cœur.

— Mais c’est mon Allemand ! s’écria Jean. Ah ! mais, c’est que je ne veux pas qu’on me l’abîme !

Et le petit Parisien se laissa glisser du véhicule pour aller séparer les combattants.

C’était bien Hans Meister, mais devenu méconnaissable tant il était enfariné