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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/150

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

tagne et rejetées en désordre sur leur réserve. La Gaule avait triomphé de Rome, dont les morts couvraient le champ de bataille depuis les murs de la ville jusqu’au bas de la colline.

» Trois jours après César abandonnait ses lignes et repassait l’Allier, pendant que les têtes sanglantes de sept cents légionnaires séchaient sur le couronnement des portes de la ville forte.

Pendant ce récit, fait avec chaleur par Maurice du Vergier, l’œil de Jean s’allumait d’enthousiasme ; sa jeune imagination lui représentait vivante, sous ses yeux, cette lutte héroïque de deux races d’hommes. La réalité et la grandeur de la scène pouvait prêter à l’illusion.

— C’était bien beau ce que faisaient ces Gaulois, dit-il ; je suis heureux d’être venu ici. Si jamais, je sentais faiblir le sentiment du devoir envers la terre natale, je me rappellerai Gergovie et Vercingétorix.

Ajoutons que le retentissement de ce succès des Arvernes fut immense dans toute la Gaule ; il rallia à la cause de l’indépendance les cités qui hésitaient encore. « On peut, dit un écrivain patriote — M. Ferdinand de Lanoye — faire dater de cette journée le premier élan des enfants du sol vers cette unité nationale que leurs descendants ne devaient conquérir qu’après dix-neuf siècles de douleurs et d’épreuves, de défaillances et de convulsions. »

« À ce titre, ajoute-t-il, nous regretterons toujours que la statue de Vercingétorix, qui figure aujourd’hui sur le plateau d’Alésia et n’y apparaît guère que comme un trophée enchaîné à la mémoire du conquérant romain, n’ait pas été érigée plutôt sur le point culminant de Gergovie. Là, du moins, ce bronze colossal n’eût soulevé ni doutes ni ambages, et eût été salué — par les innombrables regards qui du fond de la Limagne, des plateaux du Forez et des Dômes, des contreforts du Mont-Dore et du Vélay, se tournent chaque jour vers la vieille acropole de la France centrale, — comme un pieux hommage aux origines sacrées de la patrie… » Nous nous associons à ce regret si éloquemment exprimé.

Maurice offrit à Jean de le ramener à Clermont par Chanonat, où il se promettait de lui faire voir les bâtiments, considérables encore, d’une commanderie de Malte ; mais le petit Parisien, très absorbé par sa visite à Gergovie, demanda comme une faveur de revenir par le chemin le plus direct…

Une heure après, ils apercevaient la haute cathédrale de Clermont et les toitures grises des maisons se dessinant sur le fond vert des vignobles environnants.

Ils virent mieux, en l’abordant cette fois, la position de cette ville assise sur