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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/149

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

était juste, l’anéantissement des chevaux et des nombreux troupeaux que renfermait la forteresse ne devait plus être qu’une affaire de temps.

» Mais le temps s’écoulait sans affaiblir les assiégés ; le général romain voyait au contraire se multiplier autour de lui les défections et les soulèvements parmi ses alliés. Il finit par reconnaître qu’à l’ouest de Gergovie un col étroit et des hauteurs flanquées de bois et d’escarpements difficiles, mais d’un parcours aisé sur leurs lignes de faîte, avaient servi au ravitaillement de la place assiégée. Vercingétorix, tenant à conserver cette position de Jussat, travaillait à la fortifier.

» Dès le lendemain à l’aube, César envoya à son extrême gauche une légion et un corps de cavalerie, pour inquiéter les travailleurs ; en même temps, il faisait passer à couvert le reste de son armée, dans le camp de la Roche-Blanche, en couvrant les insignes, en cachant les drapeaux. Alors il lança sur Gergovie trois légions, soutenues de deux autres dont il avait pris le commandement en personne. En peu de temps le mur de six pieds est forcé, les Romains sont maîtres de trois quartiers du camp gaulois, et les légionnaires victorieux arrivent avec les fuyards jusqu’aux portes mêmes de la ville.

» Des cris d’alarme s’élèvent de tous les points de Gergovie et répandent l’épouvante parmi les Gaulois éloignés ; du haut des remparts des mères de famille jettent aux assaillants, de l’argent, des bijoux, de riches étoffes ; et le sein nu, les bras étendus, elles supplient les Romains de les épargner. Déjà quelques légionnaires escaladaient le rempart.

» Cependant les Gaulois occupés à fortifier le point faible de Jussat se réunissent aux premiers cris qu’ils entendent ; stimulés par de nombreux messagers, ils se précipitent à la suite de leur cavalerie pour repousser les Romains qu’ils croyaient déjà maîtres de la forteresse.

» La cavalerie de Vercingétorix vint tomber comme une avalanche sur le flanc de l’ennemi, l’infanterie suivait de près ; les garnisons de la cité et du camp se rallient ; les femmes honteuses d’avoir imploré la pitié de l’ennemi, maintenant debout sur le mur, les cheveux épars encouragent les combattants et leur montrent leurs enfants qu’ils doivent défendre ; les légions plient ; au plus fort du combat apparaissent tout à coup sur le flanc droit des Romains les auxiliaires eduens, que les Romains, trompés par les armes gauloises de ces troupes, prennent pour des soldats de Vercingétorix envoyés pour leur couper la retraite. Cette erreur achève de jeter la terreur dans leurs rangs ; les légions sont précipitées le long des escarpements de la mon-