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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/163

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

aussi un monument historique. On y remarque deux riches galeries superposées et un puits à margelle sculptée.

Parmi ces vieilles maisons d’Orléans qui attirent l’attention, se rangent encore la maison de Jeanne Darc, celle de Marie Bouchet, du temps de Charles ix, les maisons de la place du Vieux-Marché, l’hôtel de la Vieille-Intendance, la maison Royale bâtie par Louis xi, la maison du célèbre jurisconsulte Pothier.

Les Orléanais n’ont pas été ingrats envers l’héroïne qui délivra leur ville : la statue équestre de Jeanne Darc, œuvre de Foyatier, occupe la place du Martroy ; on en voit une autre au-dessous du perron de l’hôtel de ville ; celle-ci est la reproduction en bronze du chef-d’œuvre dû au ciseau de la princesse Marie d’Orléans.

Un bataillon, deux au plus, composent toute la garnison de cette subdivision militaire. Une brigade de police, formée d’une vingtaine d’agents et quelques gendarmes constituent la force publique de la peu turbulente cité.

La ville où Jean venait d’arriver, traînant après lui Hans Meister, beaucoup souffert de l’occupation allemande. Placée dès les premiers mouvements de l’armée de la Loire, au centre même des opérations ; serrée comme dans un étau entre l’armée d’investissement de Paris et les Bavarois de Von der Thann, Orléans reçut plus rapidement que la plupart des villes de la même région le contre-coup des événements militaires.

À quatre lieues à l’ouest de la ville, Coulmiers vit un de nos rares succès de la guerre de 1870 ; dans le triangle formé par Orléans, Pithiviers et Montargis, le bourg de Beaune-la-Rolande est resté célèbre par un des faits d’armes de la même guerre.

Orléans, après avoir conçu de vives espérances, dut subir une seconde occupation, et en avait gardé une irritation profonde contre les vainqueurs. Les habitants y ont recueilli avec soin certains aveux échappés à ces Allemands, qui se détestent si cordialement, et ne sont unis que lorsqu’ils se sentent menacés. C’était, par exemple, tel jugement formulé par un officier bavarois : « Les Prussiens ont de la tête, mais ils n’ont pas d’âme ». De leur côté, les Prussiens témoignaient du plus grand mépris pour les Bavarois : « M. de Thann, répétait partout un officier né à Berlin, est un âne qui ne sait où aller quand nous ne le conduisons pas par la bride. » Un autre Prussien expliquait ainsi la conduite des Bavarois à la guerre : « Pour leur donner du courage, assurait-il, nous leur permettons de piller, et quand ils ont pillé ils se battent bien de nouveau… pour conserver leur butin. »