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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/216

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

pagné plutôt de force que de gré, pendant quelques jours, il a échoué à l’hôpital d’Orléans. Qu’il aille se faire pendre où il voudra ! »

Bordelais la Rose ajoutait que la baronne du Vergier lui avait écrit que « son voisin de lit » s’était « exécuté… » ; que « Jean saurait ce que cela voulait dire ».

La longue épître du charpentier se terminait par les plus cordiales protestations d’amitié pour son petit ami. Et Jean fut très content de l’avoir reçue. Il possédait le consentement de Bordelais la Rose, comme il avait eu celui de M. Pascalet.

La lettre de Maurice du Vergier annonçait à Jean son prochain départ pour la Normandie « avec papa et maman ». Quant à la lettre de la baronne, elle avait une réelle importance. Elle contenait deux portraits photographiés, provenant de la restitution de Jacob Risler. Jean reconnut dans la petite fille blonde dont ils reproduisaient les traits, la sœur de Maurice : cette enfant ravie à ses parents. Madame du Vergier suppliait Jean de graver ces images dans sa mémoire et de n’oublier jamais que celui qui lui rendrait sa fille lui rendrait plus que la vie. « Sans que cela y paraisse, ajoutait la mère inconsolable, je ne suis pas de ce monde. Il ne faut pas rire, mon cher petit Jean. »

Jean n’avait pas envie de rire.

Enfin ses lettres étaient arrivées ! Dès ce moment toutes ses pensées se portèrent vers ce voyage au Havre, dont les agréments en perspective n’affaiblissaient nullement en lui sa profonde satisfaction de voir se réaliser bientôt le succès de son entreprise.

Dans ces dispositions d’esprit, il quitta Tours le lendemain avec la famille de sir William, sans aucun regret ; et ce fut sans curiosité non plus, qu’il vit défiler les villes échelonnées du chef-lieu d’Indre-et-Loire à la Rochelle. Il ne fit qu’une sorte de remarque, c’est qu’il existait encore en Touraine bien d’autres châteaux que ceux qu’il avait visités ou qu’on lui avait signalés : à peine en sortant de Tours, en franchissant le Cher, c’était à gauche le petit château de Condé, et, du côté opposé, le château de la Roche ; quelques kilomètres plus loin le château de Comacre à gauche, le château de Brou à droite : c’était à ne pouvoir les compter. Et encore Jean ne savait pas tout. Il ignorait Richelieu, il ignorait Luynes, la Vallière, Montbazon, Semblançay, Cinq-Mars, Chanteloup, Villandry et nombre d’autres…

Après un peu plus de trois heures de chemin de fer, Jean se trouva à Poitiers avec ses nombreux amis. À Poitiers, on avait quelques heures devant soi avant de prendre la ligne de la Rochelle ; mais le baronnet fut pris sou-