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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/286

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Tandis que des voisines obligeantes venaient comme d’ordinaire aider la « grandine » — la grand’mère — à se mettre au lit, Jean recopia de sa plus belle main sur du grand papier la requête dont la bonne femme avait approuvé la rédaction.

Et comme il tenait une plume, Jean se mit à écrire à miss Kate, hôtel Continental, à Paris — puis à son oncle Antoine Blaisot, puis à son ami Bordelais-la-Rose, à Mérignac, — puis à Maurice du Vergier, à Caen ; mais en passant sous silence la rencontre d’une petite baladine ayant les traits et l’âge de la sœur du jeune baron ; enfin il écrivit à Modeste Vidal, à Paris, — mais un peu au hasard.

Le baronnet n’avait pas séjourné longtemps au Havre avec sa famille. Sa femme et ses filles impressionnées par le drame maritime qui s’était déroulé sous leurs yeux, ne voulaient pas entendre parler de continuer sur le littoral la promenade interrompue par la perte du Richard Wallace. Il leur aurait fallu, du reste, attendre plusieurs semaines au Havre que le yacht réparé fût en état de reprendre la mer. Sir William leur procura donc la puissante diversion d’un voyage à Paris.

Jean n’avait pas voulu les y suivre. Il lui semblait que tant qu’il ne perdrait pas de vue Jacob Risler et le compère Hans, tout espoir de rentrer en possession des papiers détournés ne devait pas être abandonné. Il tenait aussi à vérifier l’origine de la petite danseuse de corde afin de n’avoir pas éternellement l’esprit obsédé de la pensée que cette fillette n’était autre que l’enfant volée aux du Vergier. Enfin, il s’ingéniait à consoler la pauvre vieille Normande, la mère Didi, essayant de lui faire oublier la perte qu’elle venait de faire et y réussissant presque par mille attentions délicates.

Le père Vent-Debout et Mahurec gratifiés d’un an de solde, étaient retournés à Calais, où ils avaient des attaches, — l’un des amis, l’autre une famille. Le mousse Barbillon, tout aussi généreusement traité, était allé retrouver sa tante à Rouen, avec la certitude, ayant le gousset garni, d’être fêté et choyé par sa positive parente, — aussi longtemps, du moins, que dureraient les finances.

Ce qui intriguait le plus le petit Parisien, c’était de voir Risler et l’Allemand réunis. Comment cela avait-il pu arriver ? et comment, une fois de plus, complices l’un de l’autre, étaient-ils venus chez Reculot pour lui arracher le secret du déshonneur du traître Louis Risler ? Il ne le sut que plus tard ; mais nous allons le dire tout de suite.

Jacob, dès sa sortie de la prison de Mauriac, avait écrit à la maison de