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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/352

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

de vassaux trop puissants pour rester obéissants à leur seigneur, il châtia les plus fiers, il bannit les moins dociles, enseignant aux uns et aux autres l’obéissance et le respect. C’était sa maxime favorite que « les Normands veulent être gouvernés ; donnez-leur un maître habile, ils sont invincibles ; lâchez le frein, ils se perdent les uns les autres dans mille séditions…[1] »

Une occasion se présenta de réunir à sa couronne ducale la couronne royale d’Angleterre.

« Depuis de longues années Guillaume se préparait à cette expédition glorieuse. Les bourgeois, qui l’aimaient, ouvrirent leurs bourses à leur prince. Les gentilshommes avaient foi en la fortune de leur seigneur, ils l’aidèrent de leur épée et de leur fortune. — Les mères elles-mêmes se hâtaient de donner leurs enfants, car, leur disait-on, il s’agissait d’une guerre catholique ! tant déjà les Anglais avaient contre eux le pape et les foudres du Vatican ! Guillaume se conduit à la façon d’un homme qui veut être roi à tout prix : le comte du Maine lui résiste ; il donne à dîner au comte, le lendemain le comte était mort, et le Maine appartenait à Guillaume. La Flandre qui fut si longtemps l’ennemie naturelle de la Normandie, Guillaume l’apaise par son mariage avec Mathilde, sa cousine, la fille du comte de Flandre. Les Angevins et les Bretons pouvaient et devaient lui faire obstacle, Guillaume entretient la guerre civile dans l’Anjou et dans la Bretagne. En même temps, il faisait publier à son de trompe, que tout homme sachant tenir une épée ou une lance, sera le bienvenu autour de sa bannière.

» À cet appel, répondent tous les aventuriers de l’Europe occidentale ; ils arrivaient en foule, du Maine et de l’Anjou, du Poitou et de la Bretagne, de la France, de l’Aquitaine et de la Bourgogne. Chacun avant le départ pose ses conditions, et Guillaume les accepte. — À toi de la terre, à toi de l’argent : toi tu seras gentilhomme, toi tu épouseras quelque riche héritière saxonne : plus d’un soldat de fortune demandait à être évêque et Guillaume répondait de l’évêché.

» Les hommes, les navires, les armes, les vivres arrivèrent en six mois. Ceci fait, le duc Guillaume s’en fut prendre congé du roi de France son seigneur suzerain, le priant de l’aider à conquérir l’Angleterre : « Après quoi, sire, je vous promets de vous en faire hommage comme si je la tenais de vous ! »

» Mais le roi de France et les barons ses conseillers, trouvaient que le duc

  1. Jules Janin : La Normandie.