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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/356

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

transepts. Quatre clochetons en forme de pyramide accompagnent l’abside.

Trois autres grandes églises de Caen sont classées parmi les monuments historiques : l’église de la Trinité, — avec trois tours carrées, l’une au centre, les deux autres, de chaque côté d’un portail roman, — l’église Saint-Pierre, située au milieu de la ville, et dont la tour est terminée par une flèche, belle entre les plus belles flèches, l’église Saint-Jean, spécimen de style ogival de la dernière époque ; en outre, la petite église de Notre-Dame ou Saint-Sauveur, monument du style ogival flamboyant qui est un modèle d’ornementation. Jean guidé par Maurice les visita l’une après l’autre.

Le château fondé par Guillaume le Conquérant au nord de la ville, ou plutôt l’enceinte du château est aussi une des curiosités de Caen.

Maurice du Vergier voulait montrer à son ami le musée de peinture, la bibliothèque, qui ont leur importance, l’hôtel d’Ecoville, magnifique édifice occupé par la Bourse et le tribunal de Commerce ; les bâtiments de l’Université dont la façade principale est décorée des statues en bronze de Malherbe, par Dantan aîné, et de Laplace, par Barre, — le poète Malherbe est né à Caen et le grand géomètre Laplace, à Beaumont-en-Auge ; — mais Jean avait besoin de mouvement. Dans la situation d’esprit où il se trouvait depuis qu’il se voyait contraint de renoncer à ses plus chères espérances, il préférait arpenter d’un pas fébrile les promenades de la ville, fort belles, du reste, les Cours, qui de trois côtés encadrent de grands arbres — ormes ou platanes — une magnifique prairie qui sert de champ de courses ; les boulevards, les quais, la place de la préfecture, ombragée de peupliers et de tilleuls, celle du collège bordée de marronniers d’Inde ; les promenades parallèles qui longent l’Orne, plantées d’ormes sur quatre rangs.

Quand il pouvait s’échapper un moment, c’était pour parcourir les vieilles rues de la ville, si étroites, si remplies de mouvement et de vie entre leurs maisons mal alignées rangées dans un désordre pittoresque, plein d’imprévu. Ces rues capricieusement montent ou descendent, se courbent à droite ou à gauche ; les constructions qui les bordent sont festonnées de toits aigus où grincent des girouettes armoriées, historiées de pignons saillants, creusées de petites niches dévotes dans les murs, avec des balcons et d’élégantes tourelles en surplomb ; et arborent dans leurs combles des haillons multicolores, c’est le passé vieilli, mais encore vivace. Le passé parle, le présent vit et s’affirme dans les arcades massives, les frontons sculptés, les encadrements de pierres aux croisées gothiques, les vieilles ferrures reluisant aux grandes portes de chêne, les clochers finement travaillés qui se découpent sur le ciel,