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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/371

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IX

Cydalise

L’Exposition ferma ses portes ; Paris, tout à coup envahi par les Français venus des quatre coins du pays, et les étrangers venus des cinq parties du monde, vit ce flot débordant s’écouler peu à peu ; Paris reprit son ancienne physionomie ; chacun se remit au travail, mais un peu fatigué, comme au lendemain d’une fête…

Jean travaillait, lui aussi. M. Pascalet l’avait placé chez un libraire du quai des Grands-Augustins, qui éditait principalement de ces livres de mince fabrication qui forment le principal lot de la balle du colporteur… Il travaillait et il grandissait ; mais il ne parvenait pas à surmonter son chagrin. Cet enfant ne riait jamais. Tout lui rappelait ce qu’il appelait sa « déchéance ». Il avait exigé que le vieux savant, en le présentant à la librairie du quai des Grands-Augustins, se bornât à lui donner le nom de Jean ; et comme cela produisait un certain étonnement, le jeune garçon pour dissiper toute interprétation fâcheuse, déclara qu’il était volontairement sans nom de famille, et qu’il en serait ainsi jusqu’à ce qu’il eût lavé le nom de son père d’une odieuse imputation. Il lui en coûtait d’agir de la sorte, mais ce devait être pour lui un stimulant de plus…

Un stimulant ! Tout ce qu’il était possible de faire, Jean ne l’avait-il pas fait ? Son dernier espoir, hélas ! s’était évanoui avec Hans Meister, — sa montre et son argent en plus. On ne sut rien du chemin pris par l’Allemand. Quant à la malle de ce toqué malhonnête, revenue à Quatre-Mares, il se trouva qu’elle ne contenait pas le carnet si énergiquement convoité par le petit Parisien…