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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/382

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X

À travers les Flandres

Confiné dans sa modeste boutique, aux planches mal jointes, où il vivait dans la crainte d’être découvert par Risler ou par la dame à la couronne ; douloureusement affecté de voir si près de celle qu’il aimait le plus au monde, l’homme qu’il avait le plus le droit de haïr — avec une mégère pour trait d’union entre l’être chéri et l’être abhorré ; tourmenté par sa conscience alarmée, lui représentant comme coupable sa conduite à l’égard de la famille du Vergier, — Jean dépérissait visiblement.

C’est en vain que l’ami Quentin Werchave s’efforçait de lui remonter le moral, l’engageait à se résigner, à accepter cette monstrueuse association, due au hasard peut-être, et dont s’offusquait si fort le jeune garçon. Il fallait, disait le flegmatique Flamand, savoir accepter son rôle, sa part, en toutes circonstances, enclume souffrir comme une enclume, marteau frapper comme un marteau ; ce qui était devait être : du reste, il est trop tard pour combler le puits quand le veau s’y est noyé. À quoi cela servait-il de regarder autour de soi, la tête inclinée, comme si l’on cherchait des épingles à terre ? ou de se courber comme si l’on portait sur son dos la bêche qui doit creuser votre fosse ?

Mais tous ces aphorismes de la sagesse flamande produisaient peu d’effet sur le jeune garçon. Loin de chercher à secouer sa peine, il s’en nourrissait pour ainsi dire, allant au-devant des occasions de l’augmenter.

Le soir, quand l’endroit de la foire où s’épanouissaient ses petits livres de toutes couleurs était devenu désert, Jean s’esquivait du côté des saltim-