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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

tenu de faire du bien au fils de son père ? Ce qu’on trouve, il faut le ramasser, je vous dis.

Comme cela avait été convenu, le lendemain vit partir de Cassel Quentin Werchave, Martial Sockeel et Jean ; les deux premiers très gais, commençant la ducasse dès les premiers tours de roues du wagon, s’allongeant des tapes, se faisant des niches, — le pauvre Jean, très absorbé, pas en train de rire, humilié de s’appeler Jean tout uniment, et presque décidé à arborer comme un défi à tout le monde ce nom de Risler caché par lui pour n’être montré de nouveau que lavé de tout reproche. Cependant il n’osait pas encore, malgré le mauvais esprit qui l’envahissait. Sans nom, sans famille, sans patrimoine d’aucune sorte, sans instruction, sans métier, vide d’idées et de croyances, n’ayant plus foi en lui ni en personne, il se sentait jeté dans la vie à travers tous les hasards. Comment eût-il pu être gai ?

— Dites donc, Jean, finit par dire Quentin, ce n’est pas à rire que vous gagnerez des cors aux pieds !

Quentin et son cousin se culbutaient, se poussaient depuis une heure lorsque le train s’arrêta à la gare d’Esquelbecq, où l’on devait prendre la correspondance pour Wormhoudt. Il n’était que temps de descendre de wagon : les jeux de mains tournaient aux coups, les plaisanteries tournaient à l’aigre, Quentin était même près de se fâcher.

— Jouez avec un âne, dit-il à l’adresse de son cousin, il vous sangle le visage de sa queue.