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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/407

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Winoc et vingt-quatre petits tableaux sur cuivre de Robert Van Ouke, vraiment merveilleux ; puis les ruines de l’ancienne abbaye de Saint-Winoc et dont une chapelle atteste encore la magnificence. L’abbaye a été détruite en 1793 : voilà ce qu’enseigne aux touristes ce qui reste de la tour Blanche et de la tour Bleue. Il fut un temps où le prince-abbé de Bergues conviait en ce lieu toute la noblesse des environs et les hauts bourgeois de la cité flamande, et l’on menait un grand train de vie à l’abbaye bénédictine…

Le soir, on repartit pour Lille. Martial avait la permission d’accompagner à Lille et même plus loin son cousin Quentin. Il ne se fit pas faute d’en user. Une trêve était intervenue, les jeux de mains supprimés d’un commun accord, et une paix fraternelle régnait entre les trois jeunes gens.

À leur arrivée à Lille, les trois amis se rendirent au champ de foire. L’étalage de librairie était toujours à la même place, la toile baissée. De loin, de très loin, Jean constata la présence sur les tréteaux de mademoiselle Cydalise, et, prétextant quelque fatigue, il abandonna ses amis, très en train, disposés à tout voir, et rentra — se cacher — dans le petit hôtel où il logeait. Il ne voulait pas rester à Lille. Aussi était-il question de visiter, pendant les derniers jours de la fête, Roubaix et Tourcoing, Valenciennes, puis les mines d’Anzin. De retour à Lille, Jean réunirait les livres non vendus et rentrerait à Paris — avec bien d’autres projets…

On se mit en route le lendemain, mais pas avant d’avoir visité le musée Wicar, installé au deuxième étage de l’hôtel de ville, et qui est la curiosité artistique de Lille, son plus précieux trésor. Légué à sa ville natale par J. B. Wicar, mort à Rome en 1834, il renferme une collection de dessins de maîtres italiens : deux cents dessins de Michel-Ange, soixante-huit de Raphaël, des dessins du Titien, de Léonard de Vinci… en tout plus de quatorze cents pièces.

Enfin voilà notre trio en chemin de fer.

En sortant de Lille, on laisse à droite la ligne de Paris, puis à gauche la ligne de Calais. Plus loin la voie franchit sur un viaduc le canal de Roubaix à la Deule. À peine a-t-on quitté Lille et déjà dès la première et la seconde station du chemin de fer qui mène à Courtray (en Belgique) on rencontre ces deux villes considérables, Roubaix et Tourcoing, qui par l’accroissement de leur population ouvrière et l’absence de remparts, tendent à se rejoindre grâce à leur extension et à leurs faubourgs.

Roubaix existait comme cité industrielle au quinzième siècle, mais en 1800 c’était encore une petite ville de 8,700 habitants ; Tourcoing n’était guère