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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/411

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

et à gaz, enfin les houilles demi-grasses, dures ou maigres, avec mélange d’anthracite préférables pour le chauffage des maisons et pour cuire les briques, la chaux, le plâtre, etc. Pour étancher et assainir les galeries d’où s’extraient ces richesses souterraines, il a fallu mener de front d’autres travaux : contre les inondations, les machines d’épuisement ; contre les gaz méphitiques les puits d’aérage ; contre les éboulements, les boisages et les remblais.

La zone houillère, dont les bassins du Nord et du Pas-de-Calais font partie, est recouverte par des terrains secondaires qui sont de plus en plus puissants à mesure qu’on s’avance vers l’ouest. Ces terrains ont sous le territoire d’Anzin, de Denain, d’Aniche et des autres points du groupe des environs de Valenciennes, une épaisseur de quatre-vingts à cent mètres ; mais cette épaisseur dépasse cent cinquante mètres en plusieurs endroits du Pas-de-Calais.

Quentin conduisit Jean et Martial aux puits même, à l’heure où les ouvriers quittaient le travail. Les ouvriers sortaient des entrailles de la terre, de la nuit, et se trouvaient au dehors avec la nuit tombante, — mais une nuit qu’éclairait çà et là des fours à coke, qui lançaient dans l’air mille flammèches brillantes : les feux des fourneaux en activité jaillissent de divers côtés comme de la surface du sol, avec l’illusion d’une illumination. Toutes ces lueurs se reflétaient dans la fumée condensée dans l’air comme une coupole. Étrange spectacle que celui de cette exploitation formidable ! Mais par cette soirée humide d’octobre l’impression était peu favorable…

— Hé, hé ! fit Jean, ce n’est pas déjà si gai en cette saison, ce genre de travail ! Et comment sortent-ils de… là-dedans ? (Il n’osait pas dire toute sa pensée) Y a-t-il des échelles ?…

— Il y en avait autrefois, répondit Quentin, où plutôt d’interminables escaliers, tellement à pic qu’ils donnaient le vertige aux hommes et les exténuaient. Les ouvriers devenaient asthmatiques. Ça, ça ! à quarante ans il leur fallait cesser certains travaux fatigants qu’aujourd’hui ils peuvent faire encore jusqu’à cinquante ans. On a employé des bennes ou cages contenant les mineurs, pour la descente comme pour la montée. Mais la rupture du câble dans ces deux opérations était une cause permanente d’accidents. Mieux vaut un carreau cassé que la maison perdue ! On s’y résignait comme à une des fatalités de la profession : il y en a bien d’autres ! Tout le monde ne peut avoir au ciel une bonne étoile !

» Mais voilà qu’une invention, — une invention utile celle-là — a fait disparaître ces terribles risques. On m’a dit que l’honneur en revient à un