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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/426

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

mades, adoptant pour parents attitrés un fourbe et une voleuse d’enfants qui brûlaient de mettre en commun leurs fautes et leur destinée ; ayant pour compagnons les camarades de ce faux tyrolien qui se faisait goulûment offrir des chopes ; les autres, qui sait ? ne valant pas mieux sans doute. Il est vrai qu’au-dessus de tout et de tous planait la rayonnante image de Cydalise, — il ne disait plus Emmeline. S’il voulait, il verrait toujours la charmante enfant — cet « agneau » — il la suivrait partout, il respirerait l’air qu’elle respirait, il la protégerait au besoin. Quelles perspectives plus séduisantes ? Il se sentit vaincu par une force irrésistible.

— Eh bien ? fit Risler revenant vers lui.

— Je ne demande pas mieux, mon oncle, dit-il. Cependant, il me semble…

— Quoi ?

— Que je ne puis vous faire honneur, si vous ne me présentez à tous comme un garçon honnête.

— Ça va sans dire !

— Fils d’un honnête homme…

— Je te vois venir.

— Mais réfléchissez un instant, mon oncle, je vous en supplie ! Tel que vous m’avez fait par vos… paroles, vous et votre femme, je ne suis ni un neveu, ni un cousin avouable…

— Nous verrons ça… nous arrangerons ça… D’abord c’est la faute de Grédel.

— Dieu merci ! vous n’avez plus auprès de vous ce vilain Allemand. Vous devez savoir ce que valent ses conseils ?…

— Ah ! le filou !

— Je ne vous cache pas, mon oncle, que je suis venu à Dunkerque tout exprès pour faire ma paix avec vous.

— Ah bah !

— Rien n’est plus vrai ! Mais aussi avec l’espoir de vous trouver moins injuste envers moi, envers mon père…

— Tu es venu à Dunkerque pour ça ?

— Oui, mon oncle ; je savais que vous y séjourneriez après Valenciennes, et Lille. Pour faire reconnaître à mon père les mérites qu’il a eus, j’irais au bout du monde.

— Alors, tu as une tête dure ?

— Je suis obstiné, je m’en flatte ; mais pour le bien.