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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/453

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Le lendemain Jean se dirigea pédestrement vers Ambleteuse, petit port de mer à l’embouchure du Slack, à neuf kilomètres de Marquise. Il vendit quelques almanachs aux pêcheurs.

Le jour suivant, il atteignit par la voie ferrée la station de Wimille et se dirigea vers ce village situé assez loin de la gare. Dans le cimetière, on lui montra la sépulture des aéronautes Pilâtre du Rozier et Romain qui périrent bien malheureusement, le 15 juin 1785 — six mois après la tentative couronnée de succès de Blanchard et Gefferies. Ce fut par suite de l’incendie de leur montgolfière, au moment où ils allaient commencer la traversée du détroit. Un obélisque marque la place où ils tombèrent dans la garenne de Wimereux. Ainsi, Jean voyait à deux jours d’intervalle deux monuments consacrés à une même entreprise ayant donné les résultats les plus opposés.

Jean ne séjourna qu’un jour à Boulogne-sur-mer. Cette ville de 45,000 habitants lui parut occuper une situation pittoresque, au débouché de la vallée de la Liane, et au milieu d’un bassin formé de plusieurs étages de collines. Il vit sur une hauteur et dominant la ville et la rade, la colonne de la Grande Armée élevée en souvenir de l’expédition en Angleterre conçue et préparée par Napoléon Ier, ou, plus exactement, pour rappeler la distribution des décorations de la Légion d’honneur au camp de Boulogne, le 16 août 1804.

Dans l’arrondissement, il eut occasion de visiter les tourbières de Saint-Tricat, la bergerie nationale de Tingry le vieux château à pont-levis de Rety.

C’est par Montreuil et Saint-Pol qu’il atteignit Arras, chef-lieu du département, — place forte, située au milieu d’une vaste plaine et divisée en deux parties par un ravin où coule le Crinchon. Jean put constater qu’Arras est un très important marché aux grains, et un centre de fabrication et de raffinerie de sucre et de betterave, d’huile d’œillettes et de colza, de fonderies, de fabriques de poteries et de pipes… Il donna un moment d’attention à l’église Saint-Waast, seule partie existante de la célèbre abbaye de ce nom, au beffroi gothique de l’hôtel de ville et, hors de la ville, à la citadelle construite par Vauban.

D’Arras il se rendit à Bapaume où, des ruines de l’ancien donjon, il jouit d’une belle vue sur les plaines de l’Artois et de la Picardie. Mais ce qui l’intéressa par-dessus tout, ce fut le champ de bataille où le 5 janvier 1871, le général Faidherbe, commandant l’armée du Nord, infligea une défaite aux Allemands.

Il parcourut les campagnes de Lens, ville célèbre par la victoire que Condé y remporta sur les Espagnols en 1648, et il passa par Béthune sur la Blanche,