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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/491

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

transporter du mobilier et de l’outillage de la ferme. Ceux-là, le soir venu campaient dans les villages. À quelques-uns il suffisait d’une brouette pour dérober leur avoir à la convoitise de l’étranger. Jean avait vu des vieillards, des infirmes ayant quitté leur asile, leurs hospices pour ne rien devoir à la charité des ennemis du nom français.

Où allaient-ils tous ? — En France. Ils allaient en France parce que la frontière avait reculé, comme recule le flot de la marée ; ils reviendraient lorsque le flot montant les ramènerait… De temps en temps les plus jeunes, les plus hardis, les plus confiants dans l’avenir acclamaient la France. Et c’était comme un cri de ralliement autour du drapeau… Souvenirs d’enfance inoubliables pour Jean !

De Nancy, les deux amis poursuivirent leur excursion par Mirecourt, pour faire une pointe avancée dans les Vosges, à travers ses fraîches vallées, et ses collines aux formes arrondies.

Les populations, à ce moment de l’hiver qui tirait à sa fin, se montraient occupées à faire de la boissellerie, des sabots, des souliers de pacotille, des couteaux communs, des clous, des pointes dites de Paris, des violons et autres instruments de musique. L’activité est plus grande que jamais depuis que les Vosges restées françaises se sont peuplées d’Alsaciens, et ont reçu dans leurs vallées agrestes les industries réfugiées.

Et Jean voyait avec plaisir les hommes de cette forte race, à laquelle il appartenait aussi — tout Parisien qu’il fût ! industrieux, réfléchis, ordonnés — et braves. Placées aux frontières, les populations de la Lorraine ont donné à notre pays nombre de gens de guerre, maréchaux de France et généraux. Est-il besoin de rappeler que Jeanne Darc était Lorraine ?

À Mirecourt, où bifurquent les lignes de Nancy, Épinal, Neufchâteau, Langres et Chalindrey, ils prirent la voie ferrée de Neufchâteau, comme s’ils abandonnaient brusquement les Vosges : Mirecourt n’avait rien qui pût les arrêter : même industrie que dans les campagnes environnantes ; en fait d’instruments de musique, violons, orgues, pianos et toutes les serinettes possibles. En plus, le travail de la dentelle et des broderies.

Neufchâteau, au confluent de la Meuse et du Mouzon, ne présentait, non plus, rien de bien remarquable, — malgré ses deux églises gothiques entrevues, et son pont sur les deux bras de la Meuse.

Ils couraient sur Bar-le-Duc, passant du département des Vosges dans celui de la Meuse.

Bar-le-Duc, ancienne capitale du Barrois est situé en partie sur les hau-