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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Les constructions modernes sont d’un bel aspect, le Mail, notamment, est entouré de maisons architecturales. Les monuments, les édifices ne manquent pas non plus, entre autres plusieurs églises, et au premier rang la cathédrale de Saint-Pierre et Saint-Paul, œuvre de quatre siècles, classée à bon droit parmi nos monuments historiques, est l’une des plus belles églises de France — avec son portail occidental flanqué de deux tours, sa grande rosace, les magnifiques vitraux historiques qui éclairent ses cinq nefs, ou plus exactement sa nef accompagnée de quatre collatéraux et de deux rangs de chapelles. Cet édifice présente toutes les phases de l’art ogival depuis le treizième siècle jusqu’à la Renaissance.

L’ancienne collégiale de Saint-Urbain, peut soutenir la comparaison avec la Sainte-Chapelle de Paris : c’est dire sa valeur artistique.

Il y avait à voir la belle façade de l’hôtel de ville, due à Mansart, la remarquable grille de l’hôtel-Dieu, le Musée, la bibliothèque publique, l’une des plus riches bibliothèques départementales et possédant deux mille cinq cents manuscrits.

Troyes, capitale d’une des provinces les plus considérables de l’ancienne France sur laquelle régnait l’un des grands vassaux de la couronne, devait perdre de son importance par la réunion de la Champagne à la France. Le moyen âge a été pour elle une époque de splendeur. Grâce aux dérivations de la Seine entreprises par les comtes Henri Ier et Thibault IV, Troyes était devenue un grand centre industriel ; ses foires étaient célèbres, comme du reste toutes les foires de la même province, si nombreuses qu’on disait proverbialement : « Il ne sait pas toutes les foires de la Champagne. » Il y avait à Provins celle de mai, à Troyes, celle de Saint-Jean, à Reims, celle de Saint-Remi, etc. On s’y rendait de loin, même d’Égypte et de Syrie ; on y venait surtout d’Italie, de Provence et des Flandres. Le crédit des négociants de Troyes était si bien établi qu’ils se trouvaient en état de fournir caution pour les rois de France lors de l’exécution de traités avec les princes étrangers. Aussi sa population avait-elle atteint dès le treizième siècle le chiffre de cinquante mille âmes, ce qui est prodigieux pour le temps. Sous le règne de Henri IV, la population de Troyes avait augmenté encore, grâce à la vitalité de son industrie. Vers le milieu du dix-septième siècle, on comptait dans cette ville deux mille métiers de draperie et seize cents de tisseranderie, et de plus, quatre cent cinquante tanneries, corroieries, mégisseries, de plus encore deux cents maîtres teinturiers.

Guerres civiles et de religion, translation des foires à Reims et à Lyon,