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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

révocation de l’édit de Nantes précipitèrent la décadence ; si bien que, lors de la Révolution la population de la vieille capitale était tombée à quinze mille âmes.

Elle s’est relevée en suivant de près le mouvement de l’industrie moderne, et elle est devenue un centre industriel fort actif. Le tissage qui était à la fin du dernier siècle sa grande spécialité, fut à peu près abandonné et remplacé par la bonneterie dont l’extension s’est augmentée sans ralentissement. Actuellement les objets de bonneterie en laine et en coton alimentent presque toute l’exportation de Troyes. Ce travail, qui tient le premier rang chez nous, se fait moins dans des ateliers qu’au milieu des familles, soit dans la ville, soit aux environs, notamment dans la Forêt d’Othe dont Aix-en-Othe est le chef-lieu.

Dix ou douze mille ouvriers sont employés aux pièces faites au métier, à l’aiguille ou à la navette. L’Amérique du Nord achète surtout des bas et des chaussettes en coton ; l’Amérique du Sud des lainages et des bas de fantaisie pour les enfants ; la Suisse offre un débouché pour les gros tricots de laine.

On peut évaluer à trente-cinq millions la production annuelle de cette industrie. Toutefois il y a encore à Troyes des fabriques de drap qui ne manquent pas d’une certaine importance. On y compte aussi des fabriques et manufactures d’où sortent des produits variés : toiles, cotonnades, cuirs, instruments de labourage, blanc de Troyes (blanc d’Espagne), etc. Sa charcuterie est renommée à bon droit, et Troyes comme Paris a sa foire aux jambons.

En grandissant, Jean s’intéressait davantage au passé de notre pays. Il questionnait, lisait les inscriptions, écoutait mieux, observait et comparait ; il ne négligeait enfin aucune occasion de fortifier par l’instruction son ardent patriotisme. C’est ainsi qu’il apprit à Troyes que la reine Isabeau de Bavière, pendant la démence de Charles VII, signa dans cette ville le traité honteux qui livrait la France aux Anglais ; que neuf ans plus tard, Troyes fut assiégée par Jeanne d’Arc et replacée par elle sous l’autorité de Charles VII ; que sous le règne de François Ier, cette ville fut livrée aux flammes par une armée de Charles-Quint ; enfin que c’est à Troyes que se forma le noyau de la Ligue, si fameuse dans l’histoire agitée de la fin du seizième siècle.

Aux deux points extrêmes du département de l’Aube, à l’est et à l’ouest se trouvent deux localités curieuses à plus d’un titre. Près du cours de l’Aube et d’une belle forêt, c’est le monastère de Clairvaux, devenu une prison ; à l’occident, c’est le Paraclet, dont il ne reste que le souvenir. — Clairvaux, la