Aller au contenu

Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
43
LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

— Si c’est vrai, capitaine, avec votre permission, j’adopte le petit, dit le zouave : la guerre ne durera pas toujours ; on quittera le « flingot » pour la hache et l’herminette. J’ai toujours rêvé d’avoir une famille ; voilà un commencement.

— Sa mère est dans Paris, objecta le gars de Fontenoy.

— Comment t’appelles-tu, mon enfant ? demanda le capitaine.

— Jean Risler, répondit le petit garçon, un peu surpris de ce qu’il y avait de triste et d’affectueux dans les paroles de chacun.

Le sergent avait tiré de sa poitrine un livret et il en examinait les premières pages.

— Risler, murmura-t-il, c’est bien cela !… Il ne manque pas de Risler dans le pays, observa-t-il à haute voix ; c’est aussi le nom d’un coquin que j’ai fait fusiller…

..............................................................................................................................................................

Malgré les représailles exercées par les Prussiens sur les habitants de Fontenoy, malgré les mesures de rigueur prises par le comte Renard, préfet prussien de Nancy, pour faire rétablir la voie ferrée, et une contribution de guerre de dix millions infligée à la Lorraine, le coup de main de Fontenoy causa une profonde sensation. On accourait de toutes parts dans les Vosges pour s’enrôler dans la légion de la Délivrance, quand on apprit que Paris venait de capituler.

Le gouvernement de la Défense nationale, dans l’ignorance où il demeura touchant la situation de quelques régions de l’Est qui résistaient encore à l’invasion, les laissa englober dans la zone des territoires occupés par l’ennemi.

Le commandant Bernard et ses compagnons durent donc, pendant l’armistice, évacuer les positions qu’ils avaient rendues si fortes.

À proximité de ces vaillantes compagnies franches, se trouvait la place de Langres ; mais la zone neutre de cette ville était déjà fort encombrée, et, pour acquérir plus de liberté d’action, les partisans des Vosges préférèrent rentrer dans les lignes françaises au delà du département de la Haute-Marne, et gagner le Jura.

Par une convention militaire, signée à Dôle le 14 février 1871, et dont l’original est déposé au ministère de la guerre, le général de Manteuffel accorda « aux troupes françaises sous les ordres du commandant Bernard » le passage libre avec une escorte d’honneur à travers les lignes prussiennes. Promesse verbale fut aussi donnée « qu’en considération de la fière attitude de