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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/524

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

galeries sans nombre vinrent se ranger à profusion les grandes pages d’histoire, les portraits, les bustes et les statues, des reproductions des vieux châteaux de France, des marines, et parmi celles-ci quelques-unes de nos victoires navales. Lorsque Jean revit Versailles il n’y avait guère plus d’un an que le gouvernement et les Chambres étaient rentrés à Paris.

La ville de Versailles a vu naître Hoche, à qui elle a élevé un monument sur une de ses places. Elle est aussi la patrie du sculpteur Houdon, du poète dramatique Ducis, du maréchal Berthier, de l’abbé de l’Épée, fondateur de l’institution des sourds et muets. Louis XV, Louis XVI et Louis XVIII sont nés au château.

De Versailles, Jean se rendait un jour à Saint-Cloud ; il gravissait la pente de la colline bordant la Seine sur laquelle la petite ville est bâtie ; il revoyait les ruines du château, brûlé pendant la guerre par les Prussiens, qui ont aussi mis le feu aux maisons de la ville ; il arpentait le beau parc, admirait les bassins et les cascades. À l’un des coins de ce parc, la nouvelle manufacture de Sèvres a établi ses ateliers et son musée céramique.

Un autre jour, Jean se dirigeait vers Meudon, dont Rabelais fut curé. Il trouvait le château, dont il n’est resté que les quatre murs après le siège de Paris, en voie d’être transformé en observatoire d’astronomie physique. De tant de splendeurs, il ne reste que la haute terrasse, d’où la vue embrasse Paris, le cours de la Seine et les bois environnants.

Un autre jour, Jean parcourait Ville-d’Avray, Bougival, Louveciennes, Marly devenus des lieux de villégiature pour les Parisiens ; ou encore il s’en allait à Rambouillet, attiré par le château et la forêt. Ce château de Rambouillet, assemblage de bâtiments irréguliers surmontés d’une énorme tour gothique avec créneaux et mâchicoulis, appartint à la famille d’Angennes. François Ier y mourut, et Charles X y signa son abdication, puis il partit de là pour l’exil.

Une fois, Jean poussa jusqu’à Montmorency pour voir, à l’extrémité de la forêt, l’Ermitage, humble maisonnette qu’habita Jean-Jacques Rousseau et où Grétry est mort en 1813. Le philosophe de Genève quitta l’Ermitage pour Mont-Louis, qui du haut de l’éminence où se trouve Montmorency, domine toute la vallée.

Il faut bien dire que Jean, occupé de son petit commerce et n’allant point d’un pas libre, ne voyait les choses qu’à demi ; il geignait parfois lorsque la balle ne s’allégeait pas vite ; mais sans perdre courage. À cœur fort, poids léger, murmurait-il, et quant aux belles choses à peine entrevues il se promettait de revenir…